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lunedì 28 novembre 2016

L'ENGAGEMENT CHRETIEN AUJOURD'HUI

L’engagement chrétien aujourd’hui

Dans le chapitre qui introduit l’exhortation post-synodale du diocèse de Banfora, Monseigneur Lucas Kalfa SANOU disait que « le rôle de l’Église pour une évolution des mentalités est capital ». Cela s’avère même la condition sine qua non « pour un nouvel élan en vue de la proclamation de la foi que le Christ confie à son Église dans le mandat missionnaire » (Exhortation post-synodale. Diocèse de Banfora “par tes œuvres montre ta foi” (cf. Jc 2, 14-26), p. 8). Dans un cadre un peu plus global, les évêques de la conférence épiscopale des États-Unis d’Amérique ont, en 1992, vu dans l’agir chrétien une expression de la volonté du Steward (disciple) du Christ qui prend l’engagement de s’assumer et de s’affirmer dans son Église en prenant une part active dans sa mission. Cela vaut aussi bien pour l’ensemble les fidèles chrétiens laïcs et les pasteurs que pour toute personne de bonne volonté partageant le point de vue de l’Église sur certaines questions sensibles, et qui, individuellement veulent faire de la coresponsabilité ecclésiale leur raison de participer à la mission de l’Église qui a appris à compter sur l’ensemble de ses membres et sur chacun individuellement (Lettre pastorale Stewardship: A Disciple’s Response). Intervenant au dixième anniversaire de cette lettre, Mgr John J. MCRAITH disait que le stewardship est “the call to follow Jesus and imitate his way of life.” C’est un appel à suivre Jésus et à l’imiter. Cela engage le disciple du Christ dans une pleine participation-coresponsabilité.
Dans le contexte néotestamentaire, se faire appeler « disciple » indique le serviteur qui a en charge la gestion des affaires de la famille. Considérant une Église Famille où chacun des membres a reçu des dons, tous les membres sont appelés à contribuer à la construction du Règne de Dieu en tant que gestionnaires et transmetteurs fidèles des dons reçus. Toute personne qui contribue de cette manière-là à l’édification du Royaume de Dieu est appelée disciple et participe à l’éveil des mentalités pour un engagement chrétien fécond aujourd’hui.

1. L’engagement comme coresponsabilité de tous pour la cause commune

Une telle définition du disciple dans un corps auquel il appartient nécessite la responsabilisation de chaque membre comme le dit l’archevêque de Washington (Cf. Charles E. ZECH, Best practices in Catholic Church Ministry Performance Management, p. 11). Pour le cardinal Donald W. WUERL, l’implication de chaque chrétien passe par sa responsabilisation tant au niveau de la transmission que de la consultation et de la collaboration. Il s’agit donc d’une responsabilité qui porte le chrétien à res-pondere (répondre) de ses initiatives, de son agir, étant donné sa situation de subordination à Dieu. L’expression «image de Dieu» contenu dans ce verset biblique donne au disciple du Christ, tout son sens ecclésial : «chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d’une multiple grâce de Dieu» (1 Pierre 4,10). Ce passage traduit en effet l’esprit qui doit habiter le véritable disciple du Christ. En partant de la considération selon laquelle le chrétien est celui qui s’engage à être disciple de Jésus-Christ, on peut dire que la gestion au sens large, c’est-à-dire dans le double mouvement de chercher et de gérer, est une fonction du véritable disciple du Christ. Comment investir et faire fructifier les ressources en Temps, en Talent et en Trésor (argent) que Dieu a mis à sa disposition est un mode de vie et un programme pour grandir dans la foi quand on choisit de s’engager comme disciple du Christ. Apprendre à recevoir et à donner est le principe de base d’une véritable incarnation de l’Évangile, mieux cela forme les balises d’une véritable transmission que le christianisme s’emploie chaque jour à faire découvrir aux fidèles. Cette transmission du style de vie ad extra et ad intra implique nécessairement la dimension matérielle (Cf. Cristian MENDOZA OVANDO, La dimensione economica nella Chiesa. Elementi di riflessione per la comunicazione istituzionale, p. 312).
C’est au prix d’un tel engagement que la vie du disciple du Christ peut avoir un impact sur notre monde pris de vertige dans le tourbillon de la globalisation. Dans l’esprit du christianisme, on donne parce que Dieu a donné. Il devient en ce cas impérieux de s’interroger sur la manière de recevoir ces grâces de Dieu et la manière de les redistribuer. D’où la question fondamentale qui devrait habiter tout fidèle chrétien soucieux du caractère ample de l’activité missionnaire et des exigences qui en sont liées ainsi que la question sur la manière dont un chrétien pourrait donner fidèlement et de manière responsable, non seulement financièrement mais aussi et surtout de son temps et de ses talents.
Les réponses à ces questions qui fondent le christianisme et qui déterminent le disciple dans son engagement, nous les trouvons dans cet enseignement du prophète Malachie: « Apportez intégralement la dîme au trésor, pour qu’il y ait la nourriture chez moi. Et mettez-moi ainsi à l’épreuve, dit Yahvé Sabaot, pour voir si je n’ouvrirai pas en votre faveur les écluses du ciel et ne répandrai pas en votre faveur la bénédiction en surabondance » ( Mal 3,10).
Toutes ces considérations loin de nous faire perdre de vue le véritable esprit de la religion apportée par le Christ, le renforcent. Ce mode de vie développé par la communauté chrétienne catholique de part le monde et qui est essentiellement basé sur les principes bibliques, est bien ancré dans les mœurs et ne cesse de produire une spiritualité qui régénère au quotidien la vie des chrétiens en précisant la nature et les implications de leur rapport avec Jésus. Le christianisme est vécu comme la réponse des disciples à l’appel de Dieu à poursuivre l’œuvre de la création.
Avant de répondre à un besoin purement matériel, l’Église crée fondamentalement en chaque chrétien un sentiment tout orienté vers la recherche d’une vraie adoration de Dieu doublée du sentiment profond de la reconnaissance des grâces reçues. L’homme n’en est pas le propriétaire. Il n’est qu’un simple administrateur des biens. Le christianisme est donc pour le chrétien le sentiment de reconnaissance envers Dieu qui lui fait prendre conscience du devoir sacré de restituer en retour une partie du temps, du talent et du trésor qu’il a bien voulu lui allouer pour ses usages quotidiens. C’est cette reconnaissance que les chrétiens sont appelés à traduire dans leur vie quotidienne, à l’image des petites communautés chrétiennes de base dont il a largement été question lors des travaux du Concile Vatican II et que le synode sur la Nouvelle Évangélisation se fait le porte-flambeau.
Pour le disciple du Christ, la formation est un voyage qui dure toute la vie et pendant lequel des hommes et des femmes offrent leurs expériences de vie, partagent des connaissances acquises et s’engagent à montrer la route aux autres tout en faisant chemin. Telle est l'esquisse d'une participation active qui voit dans la coresponsabilité la locomotive qui entraine et implique de manière efficace tous les disciples du Christ dans leur engagement. En cela se trouve l’esquisse de la réponse du disciple du Christ à sa suite.

2. L’engagement comme réponse du véritable disciple

Dans l’activité apostolique (dans le diocèse, en paroisse, dans les équipes et communautés de vie), tous les aspects de la vie quotidienne sont pris en compte : accorder à Dieu une partie de notre précieux Temps pour la prière et pour prendre soin des autres, identifier nos Talents pour en mettre à la disposition de Dieu et des personnes et offrir de son Trésor pour la mission au milieu des hommes et des femmes de ce monde. Cette conviction porte chacun à être membre par l’engagement et le service auprès de tous.
Les sept dons de l’Esprit que Saint Paul trouve dans son énumération doivent être monnayés à l’infini si l’on veut vraiment qu’ils servent à l’édification de nos communautés chrétiennes. Dans ce sens il y a des dons de l’enseignement et de guérison qui sont explicitement mentionnés dans les Saintes Écritures et la gamme des dons moins évidents comme par exemple : être assez créatif pour la collecte et l’investissement de fonds, être expérimenté en business ou en finance pour une bonne gestion des fonds généreusement confiés, être d’une certaine compétence en matière d’organisation pour mieux gérer les œuvres et développer des initiatives en vue de recueillir des fonds pour le fonctionnement des collectivités, être averti dans le précieux domaine de recherche de subventions pour soutenir l’éducation.
Une autre extension de ces dons porterait par exemple sur les métiers: peinture, plomberie, menuiserie, où il y a aussi un besoin croissant de compétences dans un monde ecclésial où les structures sont frappées par le vieillissement et où la question de l’entretien se pose avec acuité. Il y a aussi la connaissance dans le domaine de l’informatique tant sollicité pour la maintenance des appareils, la gestion des sites web ou encore les conceptions graphiques. Autant de domaines qui nécessitent l’intervention du véritable disciple du Christ (en Temps, en Talent et en Trésor) en vue de la construction du Royaume.
En conclusion, la définition du disciple fait penser à la parabole de l’ « intendant fidèle », où l’environnement moderne lui colle le sens trop étroit d’ «administration pour le compte d’autrui». Même si la connotation financière tend à éclipser malheureusement la dimension de service propre à l’usage ecclésial, le domaine d’intervention des fidèles disciples du Christ s’étend à perte de vue dans des secteurs bien plus diversifiés qu’on ne le pense. C’est ce qui fait dire à H. SKOLIMOWSKI que « L’époque qui vient doit être perçue comme celle du stewardship » (The Steward. Eco-Philosophy: Designing New Tactics for Living, p. 54). En raison de cette implication à tous les secteurs de la vie humaine et sociale, on peut dire qu’il nous appartient à tous, aussi bien individuellement que collectivement, de mettre notre main dans la pâte de l’évangélisation pour donner de notre temps, de nos talents et de notre trésor afin que l’annonce du règne puisse aller de l’avant aujourd’hui, demain et toute notre vie, ici partout ailleurs dans le monde. C’est en cela que notre engagement comme chrétien trouve place dans l’aujourd’hui d’une Église dont la vocation est missionnaire.
Abbé Roger SEOGO

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