Marchons ensemble vers
Pâques pour le renouveau de notre diocèse
"Marchons ensemble vers
Pâques pour le renouveau de notre diocèse" est l’orientation que Mgr Lucas
Kalfa Sanou a donné au Diocèse de Banfora pour son message de Carême 2012. Le
père de la Famille diocésaine établit un lien entre le Carême et le tout Premier
Synode dans lequel il engage toute l’Eglise diocésaine de Banfora. Voici le
contenu du message :
Chers frères et sœurs en
Christ,
00. Depuis les journées pastorales du mois de
septembre 2011, la décision a été résolument prise d’engager toute la famille
diocésaine dans une marche synodale ; le premier du genre dans notre diocèse,
après treize années d’existence.
Le récent pèlerinage de Fabedougou
2012 a vu le lancement de ce premier synode diocésain, en présence du Ministre
de la Communication, de nos autorités régionales, d’une foule immense de
chrétiens, musulmans et adeptes de la Religion Traditionnelle. Dans son
homélie, Monseigneur Anselme Titianma Sanon, archevêque émérite de
Bobo-Dioulasso, a souligné la signification d’un synode qui est avant tout une
marche commune d’une Famille diocésaine dans la prière, la réflexion et la
participation de toutes et tous. Comme Marie à Cana, Notre Dame des Grâces, à
qui ce haut-lieu est dédié, il nous a invités à « faire tout ce que le Christ
nous dira » en ce temps de synode. D’ailleurs, à la fin de l’eucharistie de ce
pèlerinage, tous les curés, présidents de conseils paroissiaux et responsables
des structures et institutions diocésaines ont reçu les « grandes lignes »
(lineamenta) du synode dont les travaux se trouvaient ainsi lancés. A cause de
l’ampleur de ce travail synodal à faire durant ce temps de carême, j’ai hésité
à faire une exhortation de carême. Cependant, à la demande des Curés, je vous
adresse ce mot, certes moins long, pour faire le lien entre le synode et le
carême, en situant les activités de carême dans la marche synodale pour un
renouveau du diocèse, d’où ce titre : « Marchons ensemble vers Pâques pour le
renouveau de notre diocèse ».
01. Carême et synode
Chers frères et sœurs, à
l’exemple du peuple de Dieu qui a cheminé quarante ans au désert, marchant vers
la Terre promise, nous venons de commencer notre marche de quarante jours vers
Pâques. Le peuple de Dieu tout entier était sorti d’Egypte, pays de servitude,
et tous ensemble, il s’était mis en route pour reconnaître au désert la bonté,
l’amour et la miséricorde de Dieu à son égard. Pareillement, nous tous
croyants, baptisés ou catéchumènes, nous sommes appelés à faire du carême un
chemin de conversion et de purification, un chemin de fraternité dans la
justice et le partage, un chemin de charité et de réconciliation ; car tous
nous sommes pécheurs et nous avons besoin de la miséricorde de Dieu. C’est ce
que nous proclame le prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans
le jeûne, les larmes et le deuil. Revenez au Seigneur votre Dieu, car il est
tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au
châtiment. Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment,
et vous combler de ses bienfaits » (Jl 2,12-14).
Convertissons-nous donc en
travaillant à devenir saints et en nous réconciliant avec nos frères, afin de «
ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu » (2 Co 6,1). Cette conversion
qui est à la fois personnelle et communautaire, est un effort de retour à la
rectitude morale, un processus qui fait peu à peu de l’homme pécheur et mortel
un être saint et divin dont l’Esprit Saint peut prendre possession totalement.
Le synode diocésain s’inscrit
parfaitement dans cette démarche parce que, comme l’indique le sens
étymologique de ce mot, faire synode, c’est « faire route ensemble », dans la
prière et la réflexion. Au bout de quatorze ans de cheminement dans la foi,
comme le peuple de Dieu au désert, nous voulons faire le point de la situation
du diocèse à travers les différents thèmes pastoraux vécus, à travers la mise
en œuvre du plan pastoral « Peuple de prophète », afin de voir dans quelle
direction poursuivre notre route.
Le synode veut être l’occasion pour
repenser, réordonner, réorganiser, relancer, compléter, augmenter le trésor des
expériences vécues et que nous conservons dans le cœur. Comme l’a dit Mgr
Anselme Sanon, nous comptons sur la prière, la réflexion et la contribution de
chaque fille et fils du diocèse pour atteindre ce renouveau de la mission
diocésaine.
02. Le message du Pape
Pour nous aider dans notre marche de
carême et de synode, le Pape nous a adressé le message suivant, inspiré de la
lettre aux Hébreux : « Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler
dans la charité et les œuvres bonnes » (He 10,24). Dans ce message, le pape
Benoît XVI nous fait réfléchir sur la charité qui est au cœur de la vie
chrétienne à travers trois aspects :
La responsabilité envers le
frère, qui exige que nous fassions attention à lui comme Dieu le fait (Lc
12,24). Cette responsabilité est une attitude contraire à l’indifférence qui
n’est pas « gardien » de la sœur ou du frère (Gn 4,9). L’autre est mon frère en
humanité ou même dans la foi. C’est la source de la fraternité, de la
solidarité, de la justice et de la miséricorde. Cette responsabilité inclut la
correction fraternelle en vue du salut éternel du frère (cf. Pr 9,8s ; Mt
18,15). La correction fraternelle fait partie intégrante de la charité
fraternelle.
Le don de la réciprocité qui
amène chacun à veiller au bien matériel, moral et spirituel les uns des autres.
Il faut plaire « à son prochain pour le bien, en vue d’édifier » (Rm 15,2), en
ne recherchant pas son propre intérêt, « mais celui du plus grand nombre, afin
qu’ils soient sauvés » (1 Co 10,33). De même que par l’Eucharistie nous sommes
unis au Christ, pour être les membres d’un seul Corps, de même notre existence
est liée à celle des autres, dans le bien comme dans le mal. Nos péchés comme
nos œuvres d’amour ont aussi une dimension sociale.
La marche commune vers la
sainteté. Le Pape termine par un appel universel à la sainteté : « L’attention
réciproque a pour but de nous encourager mutuellement à un amour effectif
toujours plus grand, ‘’comme la lumière de l’aube, dont l’éclat grandit
jusqu’au plein jour’’ (Pr 4,18), dans l’attente de vivre le jour sans fin en
Dieu »[1]. Nous avons tous reçu des richesses spirituelles utiles à
l’accomplissement de ce plan divin, pour le bien de l’Eglise et pour notre
salut personnel (cf. Lc 12,21b ; 1 Tm 6,18).
03. Que devons-nous faire ?
Nous connaissons tous les
pratiques traditionnelles que l’Eglise propose pour le temps du carême ; ce
sont également les lieux concrets de mise en pratique de nos objectifs synodaux
évoqués plus haut. L’évangile du mercredi des cendres (Mt 6,1-8) nous a rappelé
ces pratiques traditionnelles : l’aumône, la prière et le jeûne. Elles ne sont
pas inconnues des autres religions, et par conséquent ne sont pas chrétiennes
en elles-mêmes ; elles ont besoin d’être christianisées pour nous convertir à
Dieu et aux autres. Tout dépend de la manière de les vivre.
« Quand tu fais l’aumône, ne
fais pas sonner de la trompette devant toi,… ».
Il faudrait que notre sens
de l’aumône dépasse le geste occasionnel de pitié ou de simple philanthropie
pour atteindre le partage vrai en vue d’une amélioration des conditions de vie
de tous nos frères. En outre, c’est le lieu de penser à l’auto prise en charge
dont nous parlons sans cesse ; que puis-je faire à mon niveau pour permettre à
la famille diocésaine d’atteindre l’auto prise en charge ou même de financer
les frais liés au synode diocésain ? Ce partage doit aller jusqu’au don de
nous-mêmes pour le salut de tous à l’exemple de Jésus.
Le denier du culte dont la collecte
est organisée en ce temps de carême s’inscrit dans le même esprit de partage et
d’auto prise en charge du diocèse. En payant son denier du culte, chaque
baptisé contribue à faire vivre son église famille surtout en ce moment où
toute l’Eglise Famille du Burkina s’est mis résolument dans cette perspective.
Les temps demeurent durs et la pauvreté en progrès, mais face aux besoins
pressants et nombreux de notre diocèse, faisons un effort pour mobiliser
d’abord nos ressources locales et n’oublions pas que « Dieu aime celui qui
donne avec joie » (2 Co 9,7).
« Quand vous priez, ne soyez
pas comme ceux qui se donnent en spectacle ».
Le carême est un temps fort
de prière personnelle, communautaire et liturgique. Et comme cela a été dit
plus haut, notre première participation au synode se situe dans la prière pour
la réussite des travaux de ce cheminement. Les célébrations du mercredi des
cendres, des chemins de croix et de la Semaine Sainte regroupent de grandes
foules. Mais au-delà de ces moments forts, chacun est invité à redoubler
d’effort pour une vie de prière plus intense et vraie, alimentée à la source de
la Parole de Dieu. Le Secrétariat du synode vous fera parvenir une prière à
réciter quotidiennement afin de soutenir nos efforts de prière. Le carême est
l’occasion pour nous de prier en famille et de revaloriser les sacrements, en
particulier ceux de l’eucharistie et de la réconciliation.
N’oublions pas que «
L’Eglise vit de l’eucharistie », selon la 14ème encyclique du Bienheureux
Jean-Paul II ; pensons donc à demander des messes pour confier tous nos soucis
à Dieu et pour lui rendre grâce de ses nombreux bienfaits que nous ne percevons
pas souvent.
« Et quand vous jeûnez, ne
prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle ».
Par le jeûne nous faisons
l’expérience de ce que beaucoup de nos frères vivent à cause de la misère ou de
la famine surtout en cette année, par suite des mauvaises récoltes. Nous
pouvons donc mieux les comprendre et le fruit de notre jeûne devrait servir à
les soutenir.
D’autre part, le prophète
Isaïe (cf. Is 58,1-9) nous montre qu’il y a différentes façons de jeûner :
l’humilité, la justice, l’entente, la bonté, le partage, l’hospitalité,
l’écoute de l’autre, etc. Si le jeûne est vraiment assumé, et non subi, il
facilite la vie de prière, libère de ce qui retient à la terre, et permet le
partage avec ceux qui manquent du nécessaire.
Mais le fondement chrétien
du jeûne, c’est le mystère de mort et de résurrection du Christ : pour nous
chrétiens, le jeûne n’a désormais de sens qu’inséré dans le mystère pascal.
Nous jeûnons parce que l’Epoux nous a été enlevé et donc pour le retrouver (cf.
Mt 9,15).
Frères et sœurs
Que l’intercession de Marie, Notre
Dame des Grâces, nous donne de vivre pleinement ce temps favorable de carême et
de cheminement synodal dans la joie, la conversion et la prière pour l’annonce
de la Bonne Nouvelle du salut.
Que sa prière nous accompagne et nous
soutienne dans nos efforts de renouveau et de sainteté. Amen !
Mgr Lucas Kalfa Sanou
[1] Message de carême 2012 de Benoît XVI, n° 3.
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